Critique de disque | Noémie Raymond-Friset et Zhenni Li-Cohen, Dialogues
Cet album conjoint de Noémie Raymond-Friset et Zhenni Li-Cohen, paru en octobre 2024 chez Leaf music, continue de fournir au duo un programme idéal en tournée. Au cours des prochaines semaines, trois concerts sont prévus : deux à New York, les 20 et 21 mars, précédés d’une prestation à Farnham 4 jours auparavant.
Sur quoi peut bien reposer un tel succès ? D’abord, le répertoire : le charme irrésistible de la musique de Rachmaninov, jumelé à la virtuosité de la partie de piano, font de la Sonate en sol mineur, op. 19, est une entrée en matière savoureuse. Certains passages du premier mouvement rappellent le thème du célèbre Concerto pour piano no 2, immortalisé par la culture populaire. La violoncelliste n’est pas en reste. Sa couleur et son vibrato généreux suggèrent l’école russe d’interprétation. Qu’il soit conscient ou non, ce choix épouse parfaitement le style mélodique de la musique.
Au lyrisme de l’Andante, magnifiquement rendu grâce à la maîtrise du rubato, succède le dernier mouvement. La ligne majestueuse du violoncelle jouit d’une enveloppe toujours aussi richement élaborée par Mme Li-Cohen.
L’album s’achève sur une sonate à l’origine pour alto de la compositrice Rebecca Clarke, œuvre contemporaine à celle de Rachmaninov et qui mérite d’être connue tant elle puise dans différents styles musicaux (romantisme, impressionnisme, orientalisme, passages évocateurs d’une monodie grégorienne). Le deuxième mouvement semble suggérer un rêve en musique avec toute sa part de mystère qui confine à l’angoisse. L’Adagio final alterne entre plusieurs ambiances sonores établies dans les deux premiers mouvements. Les moments de calme font notamment entendre de la musique modale caractéristique d’un style ancien, suivis de passages virtuoses qui s’apparentent à des variations sur un même thème.